

La maison fut construite vers 1885, pour les loisirs de chasse de la famille Pol Roger. Etait-ce le fondateur de cette maison de champagne qui la fit construire? En 1885 le fondateur avait 54 ans. Le style néoclassique de la maison est cohérent avec le Second Empire et avec le style de l’Avenue de Champagne à Epernay. La maison est représentée sur plusieurs cartes postales de 1905. Elle a de hautes baies vitrées, orientées sur les 4 horizons. La longue grange la protège sur la face nord.
Sa situation au creux d’une clairière rappelle la maison de villégiature au cœur des « feuillages », d’où « folie », maison de plaisance au vert, ancêtre de la résidence secondaire. Modeste de dimensions, toute orientée sur le paysage, pour mieux s’imprégner de la vie sauvage. On y entend les cerfs, les sangliers, les renards, hiboux, chouettes, canards, grues, bécasses, martinets.
La famille Pol Roger y venait à l’origine à cheval, avec des amis chasseurs. On y enlevait les bottes dans le petit couloir d’entrée meublé à cet effet d’un banc, le porte manteau style scolaire au dessus, offrant des crochers pour une dizaine de vestes. il y avait une écurie pour les chevaux, une petite loge pour le soigneur, l’abri d’angle servait pour la découpe et pour le bois.
Après la première guerre mondiale, l’automobile fit son apparition à Epernay et à Bournonville. Les chasseurs venaient désormais en automobile. Ils ne se servaient plus de l’écurie et même la maison perdait un peu d’intérêt. On ne dormait plus sur place, ou que très épisodiquement.
Durant la deuxième guerre mondiale Bournonville fut le théâtre d’une âpre bataille dans laquelle périrent notamment des tirailleurs sénégalais. Bournonville est proche de la route D982 qui délimitait la zone dite interdite, statut particulier en zone occupéee par les Allemands.
Vers la fin de la seconde guerre mondiale, un obus traverse la toiture. Il échoue au sous-sol, sans exploser. Les traces de sa trajectoire sont encore visibles sur la voûte de la cave. La toiture fut entièrement refaite après la guerre, cette fois en zinc. En 1958 la famille Pol Roger se sépara définitivement de cet ancien relais de chasse à l’orée des bois. Elle gardait encore longtemps un autre relais de chasse, au bord de l’étang de Belval. Celui-ci finit par brûler, suite à un incendie de cheminée. Les 204 hectares d’étangs font partie depuis 2012 de la Réserve Naturelle Régionale des Étangs de Belval-en-Argonne.
